La réglementation du travail s'assouplit


Travail et diabète ne sont pas incompatibles. Tout dépend de la nature du diabète et de l'existence éventuelle de complications, de la façon dont le patient gère sa maladie et suit son traitement, ainsi que du type de travail exercé.

AUPARAVANT , les réglementations étaient très strictes en matière de diabète et travail, notamment pour entrer dans la fonction publique et les écoles militaires. Aujourd'hui, seule persiste une réglementation pour la conduite des poids lourds ou des transports en commun : afin d'obtenir ou de garder ce permis, l'avis d'un médecin spécialisé et d'un médecin de la commission du permis de conduire est demandé. Si le diabétique ne présente pas de complications, il n'y a pas de difficultés. En revanche, si des complications existent, le patient ne pourra pas obtenir ou garder ce type de permis. C'est le médecin de la commission ou le médecin spécialiste sollicité pour la complication (cardiologue, ophtalmologiste...) qui statuera. Pour les autres corps de métier, il n'y a pas de réglementation stricte, mais plutôt des directives internes. C'est le cas dans l'aviation civile pour les personnels navigants et à la SNCF pour les conducteurs de train et personnels roulants. Les diabétiques, en particulier insulinodépendants, ne peuvent pas accéder à ce type de poste.

Le travail de nuit :
En dehors de ces situations, le seul point de vue qui prévaut est celui du médecin du travail. Celui-ci va prendre en compte : d'une part, la nature du diabète, l'existence ou non de complications et leur importance, la façon dont le diabétique a compris sa maladie et comment il gère son régime alimentaire et son traitement ; d'autre part, le travail lui-même (type d'activité, nature du poste) et son organisation (conditions, horaires). Chaque cas est alors examiné, il n'y a pas d'interdiction de principe. Et il est exceptionnel que l'on ne trouve pas de solutions. Tout dépend de la nature du diabète : non insulinodépendant (le patient pourra alors à peu près tout faire) ou insulinodépendant (des problèmes peuvent alors se poser). Cela dépend également des machines et des produits utilisés, ainsi que de l'organisation du travail. Certaines situations sont plus difficiles que d'autres, comme le travail de nuit. Cependant, si ce dernier est constant avec un sommeil de jour adapté et régulier, cela pose peu de problèmes. C'est plus difficile dans le cas du « travail posté » avec des équipes alternantes dont les horaires de travail changent tous les deux ou trois jours. En effet, la nature et les horaires des repas vont changer. Et si le patient est insulinodépendant, il lui faudra adapter ses injections.

Les métiers à risque :
Des problèmes peuvent se rencontrer pour les métiers où il existe un risque infectieux. C'est le cas de certains métiers de l'alimentation (par exemple, la charcuterie industrielle), des éboueurs, le travail dans les stations d'épuration d'eau. D'autres problèmes peuvent se poser en cas de travail en hauteur pour les diabétiques insulinodépendants ou qui sont traités par sulfamides hypoglycémiants, en raison du risque de malaise hypoglycémique. C'est le cas des couvreurs, des charpentiers. Sont concernés également les travaux sur des machines dangereuses, comme pour les ébénistes et les menuisiers. Quant aux métiers qui mettent en contact avec des produits toxiques, tout le monde est concerné, que l'on soit diabétique ou non ! Enfin, il est rare que quelqu'un perde son travail uniquement à cause du diabète. L'exclusion du travail est due à un ensemble d'éléments, dont le diabète fait partie, mais ce n'est pas le seul.
Les « vraies » difficultés interviennent plus tard, au-delà de l'âge de 40-50 ans, quand les complications apparaissent. Il y a alors moins de souplesse dans l'adaptation thérapeutique et dans la récupération des capacités fonctionnelles de l'individu. Quand s'accumulent un déséquilibre du diabète, des complications et un âge avancé, il est beaucoup plus difficile d'obtenir des changements de poste et donc de maintenir les patients au travail. De plus, il est difficile de leur faire acquérir d'autres capacités. C'est le cas, par exemple, lorsqu'une complication tardive comme la rétinite survient, entraînant une baisse de l'acuité visuelle et une modification de la perception des couleurs. Dans les métiers de l'industrie textile notamment, une adaptation et une reconversion sont alors difficiles.

Dr Mathilde FERRY
D'après un entretien avec le Pr Alain Cantineau, CHRU de Strasbourg.
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